Le marché de l’immobilier à Jijel

Publié le par lkeria.com

Le marché de l’immobilier, à Jijel, El-Aouna, Taher, El-Milia connaît ces dernières années une flambée vertigineuse des prix. Une simple tournée à travers les agences immobilières nous renseigne sur cette hausse dans une wilaya où les différents services de l’Etat doivent faire de la gymnastique pour implanter un équipement public. Selon le gérant d’une agence immobilière de Jijel, sous couvert de l’anonymat, le prix d’un F3 de 60 m2 dans une cité-dortoir réalisée au milieu des années 1980 dépasse largement les 550 millions de centimes, un F4 de 70 m2 à la cité 400-logements réalisée à la fin de années 1980 frôle les 750 millions de centimes alors que celui d’un F5 de 105 m2 réalisé il y a plus de vingt ans par l’ex-EPLF dans le quartier Casino oscille entre 900 et 950 millions de centimes. Des prix qui demeurent loin de la portée des bourses moyennes fortement touchées par la crise de logement. Notre interlocuteur a affirmé qu’en dépit de l’ancienneté de la plupart des cités, notamment celles se trouvant sur les hauteurs de la ville, celui qui désire vendre son logement exige un prix exorbitant, convaincu qu’il n’est pas en mesure de trouver un autre sous les 600 millions de centimes. Il convient de signaler que le marché de l’immobilier dans la région côtière d’El-Aouana connaît aussi une flambée vertigineuse. Elle est située à une dizaine de minutes par voiture du chef-lieu de wilaya, et fortement convoitée notamment par les estivants d’autres wilayas du pays qui désirent avoir un pied à terre pour passer les vacances surtout dans la localité de Bordj Blida, ex-ferme d’Andrew, mitoyenne avec le parc animalier et de loisirs. A cet effet, selon une personne très au fait du dossier du foncier, le prix d’un F4 de 80 m2, réalisé par l’ex- EPLF en 1989 dans une cité dépourvue de toutes les commodités au chef-lieu de ladite commune, varie entre 650 et 750 millions de centimes et un F4 en préfabriqué datant de 1986 a coûté 500 millions de centimes. A Taher, un F3 de 60 m2 à proximité de la mosquée Sidi-Yahia a été vendu récemment à 450 millions de centimes et l’Entreprise nationale de promotion immobilière propose un F3 promotionnel situé en plein centre-ville à plus de 500 millions de centimes. En dépit des instructions du département de Noureddine Moussa aux promoteurs publics pour rendre le logement accessible aux citoyens, notamment les couches moyennes surtout les fonctionnaires qui ne sont pas éligibles à la formule de logement social, force est de constater que certains de ces promoteurs publics n’hésitent pas à faire de la spéculation pure et simple comme c’est le cas de l’antenne locale de l’Entreprise nationale de promotion immobilière. Dans un placard publicitaire publié récemment dans un journal local faiblement lu, l’ENPI propose des F5 de 135 m2 dans le quartier Ravin de Ben Achour, dans la ville de Jijel, à 935 millions de centimes. Il convient de signaler que la flambée des prix a touché en outre les constructions individuelles notamment les vieilles bâtisses se trouvant dans la ville coloniale, dont une bonne partie est dans l’indivision. Le prix d’une maison individuelle dite pompeusement villa R+1 dans des quartiers regorgeant de constructions illicites dépasse les 2 milliards de centimes. Cependant, les gérants des agences immobilières sont unanimes à dire qu’ils ont du mal à trouver des acheteurs. Les ventes de logements sont de plus en plus rares. On ne se bouscule pas au portillon de nos agences fortement concurrencées par la nuée d’intermédiaires dont la plupart d’entre eux n’ont qu’un portable. La location a elle aussi été touchée par cette hausse. Le F 3 qui a été loué il y a trois ans à 6 000 DA par mois l’est actuellement à 10 000 DA, parfois l’on trouve à 8 000 DA, mais le locataire doit le libérer durant les mois de juillet et août. Interrogé par nos soins sur la réalité du marché de l’immobilier et la flambée des prix, un jeune promoteur connu sur la place locale l’attribue à un certain nombre de facteurs dont la spéculation et l’existence d’une nuée d’intermédiaires, l’indisponibilité des assiettes foncières, la cherté du foncier et des matériaux de construction. Le mètre carré a dépassé les 10 millions de centimes dans certains quartiers de Jijel. Un entrepreneur avec lequel nous nous sommes entretenus estime que cette flambée des prix s’explique par un certain nombre de facteurs qui n’ont pas forcement un lien direct avec le domaine du bâtiment. Plus explicite, il l’attribue au fait que la wilaya de Jijel ait enregistré la reddition de plus de 500 terroristes sans compter ceux originaires de la région des Haut-Plateaux dont un grand nombre a amassé lors des faux barrages et des rackets des fortunes colossales. Actuellement, ils sont en train de les placer dans ce créneau sûr qu’est l’immobilier, ce qui explique qu’on trouve des parcelles de terrain achetées à coups de centaines de millions de centimes dans des quartiers inondables ou sur des lits d’oueds comme c’est le cas à Rabta et El-Mekessab et Ben Achour à raison de 4 millions de centimes le mètre carré, et des appartements en préfabriqué amortis achetés par d’anciens repentis originaires des wilayas des Hauts-Plateaux à Andrew à plus de 600 millions de centimes. Comment se fait-il que d’anciens chômeurs des régions El-Kennar, El- Mezair, Faza où il existait une connexion entre la mafia du sable des plages et le terrorisme, et qui avaient du mal à subvenir à leur besoins il y a une dizaine d’années, se retrouvent en un laps de temps très court propriétaires de maisons dont la réalisation a coûté des centaines de millions de centimes, avec une progéniture roule à bord de bagnoles dernier modèle ?» s’interroge- t-il. D’autres, par contre, attribuent cette hausse des prix à la forte demande suite à l’exode massif des populations des régions montagneuses durant la décennie noire. En somme, entre les explications des uns et les motifs des autres, la fièvre des prix de l’immobilier est toujours là dans une wilaya où les anciens «tangos», selon le jargon de certains, ont blanchi leur «butin de guerre» dans un créneau rentable faute d’un contrôle rigoureux de l’Etat.

 

Source: Le soir d"Algérie

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